Selon les termes de ce rapport, la pandémie a provoqué une contraction économique de 3,2 % et fait basculer 55 millions de personnes dans la pauvreté, réduisant les progrès vers la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, du fait des chocs de l’offre et de la demande.
Son triste registre affiche également des pertes d’emploi, la réduction des revenus et la réduction de la capacité des ménages à gérer les risques.
De manière globale, la présente édition du Rapport économique sur l’Afrique montre que les ménages pauvres entrent dans la pauvreté et en sortent à cause de chocs exogènes comme la pandémie de Covid-19 et que leur incapacité à gérer les risques non assurés ne fait qu’accroître leur vulnérabilité.
Les personnes non pauvres et celles vivant juste au-dessus du seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour en termes de parité de pouvoir d’achat) sont les plus susceptibles de tomber dans la pauvreté à cause de la pandémie.
En effet, on estime que 58 millions d’Africains, dont la consommation moyenne est comprise entre 1,90 et 2,09 dollars par jour (0-10 % au-dessus du seuil de pauvreté), risquent fort de tomber dans la pauvreté et d’y rester à cause de la pandémie.
Ce groupe est à l’origine de la plupart des “nouveaux pauvres” causés par la pandémie ; les travailleurs du secteur informel et ceux occupant des emplois vulnérables sont les plus exposés au risque de tomber dans la pauvreté. L’incidence de la pandémie de Covid-19 sur la pauvreté et la vulnérabilité varie d’un pays à l’autre, selon la taille des populations vulnérables et pauvres.
La plus grande proportion de personnes vulnérables à la pauvreté se trouve en Afrique de l’Ouest (6,6 %) et en Afrique de l’Est (5,6 %). Les différences entre les pays dépendent largement des politiques gouvernementales (ex ante) et des mesures prises pour atténuer les effets de la pandémie (ex post), notamment en fournissant des biens publics – tels que les soins de santé, l’éducation et la protection sociale – et en intervenant sur le marché du travail.
L’Égypte, Maurice et les Seychelles ont connu un faible niveau de pauvreté et de vulnérabilité grâce à des politiques saines et à des mesures énergiques pour atténuer les effets de la pandémie. En revanche, faute de politiques socio-économiques judicieuses avant et pendant la pandémie, l’Éthiopie et le Nigéria ont connu une situation inverse.
Toutefois, en réponse à la pandémie, les gouvernements ont en moyenne doublé leurs dépenses budgétaires, pour les porter à 3,3 % du produit intérieur brut (PIB), soit une augmentation de 2,2 milliards de dollars. Ils ont également augmenté l’aide sociale dans le cadre des dépenses budgétaires en faveur des personnes pauvres et vulnérables.
Les transferts en espèces et en nature restent la principale forme d’aide gouvernementale pour protéger les personnes pauvres. Partant d’un niveau bas, ces transferts constituent 74 % des programmes de protection sociale, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de 62 %.
L’ampleur de la réponse en Afrique a révélé une marge de manœuvre budgétaire limitée, et les déficits budgétaires se sont soudainement envolés.
Après avoir atteint un pic de 8,1 % du PIB en 2020, ils ont baissé à 5,4 % en 2021. Il faudra plusieurs années pour qu’ils retrouvent leurs niveaux d’avant la pandémie et il en va de même pour les ratios dette/PIB (peut-être un an de plus). Même alors, la dette restera supérieure au seuil de 60 % que le Fonds monétaire international considère comme viable pour les pays africains.