Au terme de l’année 2020, l’économie gabonaise a enregistré un retournement de tendance par rapport à 2019, en lien avec les effets de la pandémie de la Covid-19 et les mesures restrictives prises par les pouvoirs publics.
En effet, alors que l’on anticipait une consolidation de l’expansion économique amorcée en 2019, l’activité s’est soldée par une croissance négative à –1,8%, plombée à la fois par la baisse du PIB hors pétrole (-1,9%) et de la production pétrolière (-1,2%).
Un second trimestre 2020 de toutes les peines
L’analyse sectorielle montre que les activités économiques ont été plus sensibles aux effets des mesures préventives prises par les autorités qui ont contraint à la fois l’offre et la demande interne dans certaines branches. L’examen infra annuel indique que c’est sur le second trimestre que l’impact de la pandémie a été le plus prononcé, avant une reprise graduelle des activités, à la faveur de l’allègement des certaines mesures.
Un contexte de faible taux d’exécution du budget d’investissement
Néanmoins, ces améliorations ne concernent pas certaines branches qui sont restées dans un contexte de morosité, faute d’actions de relance en faveur d’une reprise des activités. C’est le cas des services, qui ont subi le maintien des mesures restrictives. C’est également le cas des BTP, confrontés à la faiblesse de la demande, dans un contexte de faible taux d’exécution du budget d’investissement.
Concernant les secteurs exportateurs, la Covid-19 a eu un impact très limité, en dehors des effets prix enregistrés essentiellement sur la valorisation du pétrole brut sur le marché international. Nos ventes globales ont baissé mais moins fortement qu’anticipé, grâce à notre forte exposition sur les marchés asiatiques qui ont fait preuve de résilience, malgré la crise sanitaire.
Baisse de la demande intérieure et de l’investissement
Au titre de la demande finale, la contraction de l’activité résulte de la baisse simultanée de la demande intérieure (-7,0%) et extérieure (-0,8%). La baisse de la demande intérieure est consécutive aussi bien du repli de la consommation totale (-0,1% contre +2,2% en 2019) que de l’investissement (-19,8% contre +2,4%).
En effet, la consommation totale a baissé sous l’effet du recul de la consommation privée (-2,0%) en lien avec la contraction des revenus des ménages consécutive à la morosité de l’activité économique et du marché du travail, en dépit d’une hausse de la consommation publique (+5,5%). La baisse de l’investissement global s’explique par le repli de l’investissement public (-17,5%) et privé (-19,3%) sous l’effet de la contraction de l’investissement des secteurs pétroliers et hors-pétrole.
Demande extérieure
S’agissant de la demande extérieure, les importations de biens et services sont en baisse de 6,1% en raison de la contraction de la demande mondiale et de la production nationale. Par ailleurs, le ralentissement observé des exportations de biens et services (+ 20,8% en 2019 à 4,0% en 2020) est lié à la baisse des exportations pétrolières (-10,8%) et à la décélération des exportations hors pétrole (+19,3% contre +21,2% en 2019).
Accélération de la transformation structurelle de l’économie
La leçon à tirer des conséquences de cette pandémie est que le Gabon doit plus que par le passé accélérer la transformation structurelle de son économie, de manière à en améliorer la résilience face aux chocs de toutes natures. Cette transformation passe par la mise à niveau des infrastructures, l’élargissement de la base productive (développement de nouvelles activités), la création locale de plus de valeur ajoutée dans les différentes filières, la production de certains biens alimentaires pour lesquels le pays dispose d’atouts comme la filière de poulet de chair ou de viande de porc et la pêche. Le pays s’attèle également à rechercher la diversification des produits éligibles à l’exportation et la poursuite de la politique d’élargissement du nombre de partenaires commerciaux.