La lancinante question du financement des institutions de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a une fois de plus, été au rendez-vous de la première session parlementaire de l’année, de la Communauté qui se tient actuellement.
A l’ouverture des assises, devant les parlementaires, faisant une présentation du fonctionnement et de l’évolution de la Communauté au cours de l’année 2020, le Pr Daniel Ona Ondo n’a pas manqué de revenir sur ce dossier qui s’invite pourtant à toutes les assises statutaires, sans qu’une solution définitive n’ait à ce jour pu la clore.
Selon lui, «la réforme du mécanisme intervenue en 2016 qui déconnectait la Taxe Communautaire d’intégration (TCI) des Trésors nationaux, l’effacement de 90 % des arriérés de TCI décidé par les chefs d’Etat en 2018, n’ont pas produit les effets escomptés dans le sens de l’autonomisation du financement des Institutions communautaires », a-t-il déploré.
Conséquences, ces tensions de trésorerie chroniques ont sabordé maintes initiatives et projets. Elles ont sévèrement limité le fonctionnement normal de la communauté, avec bien entendu, des répercussions négatives sur les résultats. En outre, « les contreperformances de la TCI ont obéré ainsi dans les Institutions, toute capacité à prendre des initiatives urgentes, à planifier de nouvelles activités — ces activités fussent-elles porteuses d’avenir —, et à tenir leurs engagements ».
Pour autant, et c’est le reproche qu’opposent certains contributeurs, « le dispositif institutionnel tel que formaté présentement, porte en lui les germes à l’origine de la situation financière contraignante dans laquelle est engluée la Communauté », a-t-il poursuivi. Avant d’ajouter, « De ce point de vue, l’installation des deux nouvelles Cours (Cour de justice Communautaire et Cour des Comptes Communautaires) ainsi que l’érection du CIESPAC en Institution Spécialisée, présageaient déjà de difficultés supplémentaires en l’absence de ressources additionnelles ».
Malgré cette triste lecture, l’optimisme reste de mise, a indiqué Daniel Ona Ondo. « Il faut bien espérer que, conformément aux instructions des instances décisionnelles de la Communauté, des efforts de reversement de la TCI seront pensées afin de donner sens aux ambitions d’intégration exprimées ».
Car, selon lui, « A l’heure où le mécanisme de la TCI paraît à juste titre anémié, les conclusions d’une étude récente, diligentée par un cabinet indépendant, émettent elles également, de sérieux doutes sur la viabilité budgétaire des structures de l’UEAC. Cette contrariété manifeste, entre les ambitions définies pour la Communauté et les ressources mises à sa disposition n’est pas anodine ».
Pour le patron de la CEMAC, « Le problème de financement interroge à cet égard, les perspectives mêmes de la sous-région d’autant qu’il pèsera indubitablement sur la future CER unique d’Afrique Centrale issue du processus actuel de fusion CEMAC-CEEAC ».Face à cette situation, il a reconnu que l’ajustement devient inéluctable. Et que la restauration de la viabilité budgétaire des Institutions, passe par un dispositif institutionnel rationnalisé et resserré.
