Avec le soutien technique de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), les représentants des secteurs public et privé ont consolidé un cadre global pour rendre le secteur pharmaceutique local du Cameroun mieux structuré, résilient, productif, compétitif et viable à court terme.
Dans le cadre de cette nouvelle dérogation, le gouvernement camerounais espère inciter les acteurs locaux à capter une part plus importante du marché local des produits pharmaceutiques d’environ 200 milliards de FCFA (369 millions de dollars EU) et à faire des percées sur les marchés sous-régionaux et nigérians de la CEEAC.
Actuellement, la production locale ne répond qu’à 5% des besoins nationaux, le Cameroun importe plus de 90% de ses produits pharmaceutiques nécessaires. Un degré inquiétant de produits pharmaceutiques utilisés dans le pays – estimé à 40% des produits courants sur le marché – provient de la contrebande et des chaînes d’approvisionnement illicites.
Ces points sont apparus lors d’un examen de deux jours d’une stratégie de restructuration du secteur et de création d’un corps interprofessionnel pharmaceutique, qui s’est tenu à Yaoundé du 27 au 28 janvier 2020.
Le ministre camerounais de l’Industrie – Gabriel Dodo Ndoke a profité de l’occasion, pour rendre hommage au bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale pour son rôle décisif dans la refonte du plan directeur de développement industriel du pays (PDI, en français) dans lequel la production pharmaceutique est un ancrage majeur.
Il a noté que cet appui contribue à la stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND 2030, en français), axée sur la transformation structurelle de l’économie camerounaise «avec une attention particulière portée au développement du secteur pharmaceutique, entre autres».
La CEA et les experts camerounais s’accordent à dire que trois problèmes principaux sont responsables du ralentissement de la croissance du secteur pharmaceutique, dont la faiblesse structurelle a rendu le pays, comme ses homologues africains, plus vulnérable à la double mise en péril du COVID-19 sur la santé publique et l’économie. Ce sont: le manque de compétitivité, les problèmes de réputation et les niveaux limités de partenariat.
Selon Jean Luc Mastaki, économiste principal qui dirige la section Diversification économique et réformes politiques du Bureau de l’Afrique centrale de la CEA, « ces défis peuvent être surmontés en donnant accès aux intrants pharmaceutiques et en réduisant le coût des intrants pharmaceutiques et en renforçant les compétences nécessaires pour alimenter le secteur. (Dans le cas de la compétitivité); élimination de la contrebande (pour restaurer les dommages à la réputation causés aux produits locaux); et l’établissement de partenariats solides pour attirer les investissements étrangers directs, rechercher des mécanismes de financement innovants, revoir les politiques contre-productives et acquérir la technologie ».
La CEA est déjà en train de négocier un éventuel partenariat entre le gouvernement du Cameroun et la Société financière africaine (AFC), qui a démontré son expertise dans le soutien et le co-développement de zones économiques spéciales et d’autres grappes industrielles en Afrique.
Antonio Pedro, directeur du bureau de la CEA pour l’Afrique centrale, a noté que « ces zones économiques spéciales dédiées au secteur pharmaceutique mettront en branle un écosystème pour une industrie compétitive et durable ».
«Dans une démarche de clustering issue d’un tel dispositif, l’industrie pharmaceutique identifiera plus facilement le potentiel de la pharmacopée locale – en amont, et celui de distribution – en aval, renforçant les liens entre les acteurs de ces étapes de la chaîne de valeur et les acteurs en production », dit-il.
Parallèlement, les six grands axes de travail suivants ont été créés dans le cadre de la restructuration de l’industrie pharmaceutique camerounaise et de la mise en place de son corps interprofessionnel : améliorer la capacité de production pharmaceutique locale, améliorer l’accès au financement, fournir des incitations fiscales, douanières et autres incitations économiques, améliorer l’accès au marché et renforcer le renforcement des capacités des différents acteurs du secteur et des organes d’appui.
Alors que le Cameroun poursuit ce plan d’action à court terme, pour développer sa productivité pharmaceutique, la CEA encourage le pays à profiter de son initiative Africa Pharma commandée en novembre 2019 en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA), l’Agence de développement de l’Union africaine ( AUDA-NEPAD), l’OMS, l’ONUSIDA et d’autres partenaires pour améliorer la négociation collective de l’Afrique pour l’achat opportun et rentable de médicaments provenant d’ailleurs, tout en développant la capacité du continent à produire rapidement ses propres médicaments et à renforcer ses normes de qualité.
L’initiative vise à inverser la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des fournitures médicales extérieures, à long terme. La CEA estime que le continent dépense environ 16 milliards de dollars par an pour importer environ 94% de ses besoins pharmaceutiques et médicinaux.
